Jusqu’au 30 octobre, les jardins de la Mission culturelle
française, rue de Damas, sont ouverts au public, invité
à venir y découvrir neuf installations visuelles et
sonores créées par des étudiants de l’atelier de
recherche de l’Alba. Intitulé Jardin acoustique, cet espace
éphémère interactif est un des volets du projet
«Dialogue des cultures dans un jardin», cosigné
Alba/Mission culturelle française et qui s’inscrit dans le cadre
des manifestations pour le IXe sommet de la francophonie.
Pourquoi Jardin acoustique ? «Parce que le jardin est un espace
clos où différentes singularités peuvent
cohabiter» et parce que «le phénomène
acoustique de la langue parlée est la condition préalable
à tout dialogue», expliquent les enseignants de l’atelier
de recherche de l’Alba, Pierre Hage Boutros, Rana Haddad et
Grégory Buchakjian, qui ont encadré les étudiants
créateurs.
La plupart des œuvres sont installées en extérieur. La
première, La porte de Wassim Maouad, accueille même les
visiteurs à partir du… trottoir, puisqu’elle consiste en une
sorte de bande dessinée, en noir et blanc, collée sur le
portail coulissant de la Mission, côté rue.
Quelques mètres plus loin, sur la pelouse de l’ambassade de
France, un grand cube orange qui enserre une trompe en aluminium. Et
qui ressemble, d’après les remarques glanées, à un
œil, une machine à laver ou un haut-parleur… Il s’agit de
L’Oreille émettrice de Walid Tawil, Henri Frangieh et Maroun
Rached. Sauf que cette oreille est muette comme une carpe. Elle ne
produit pas le moindre petit son, mais hurle par son silence. Un
conseil : contourner la boîte et poser l’oreille contre la petite
ouverture.
Les bugs (de Walid Tawil, Henri Frangieh et Maroun Rached) sont de
sympathiques petites bêtes noires spongieuses accrochées
horizontalement sur une surface verticale. Et qui grésillent en
chœur. En réseau. Il suffit de tendre l’oreille.
Dialogue de sourds (de Roula Akiki, Tania Ghosn et Dana Halwani) : une
série de boîtiers avec fils électriques, boutons et
mini-micros apparents. On presse sur un bouton, on parle… et on entend
sa propre voix.
Les Postes à Galène (de Négib Matar et Roben Hajj
Assaf) sont les ancêtres de la radio. Et ça marche !
25 jours d’un journal francophone (de Chirine Sayegh et Nadim Jamous)
est «un laboratoire d’analyse de la presse francophone au
Liban». Statistiques des ventes du quotidien L’Orient-Le Jour.
Des sacs remplis de sable, alignés contre un mur. Et en face,
des balances – qui font surtout le bonheur des enfants –, une pour
chaque jour de la semaine. Un «spectacle»
esthétiquement fort.
«La bande continue à se dérouler en silence»
(de Danièle Salmé et Georges Maria), ce sont 7 056 bulles
par m2 roulées et piquées sur la pelouse et qui forment
un drôle de chemin. C’est aussi une vidéo, qu’on suit
à travers plusieurs écrans et qui propose
différents usages de ces rouleaux.
Il y a aussi Applaudissez de Deborah Pharès, une chambre toute
tapissée de photographies de mains, et Tout est devant vos yeux
(de Sandra Tabet et Marie-Noëlle Haddad), une installation…
invisible. À chercher.
Reste à souligner qu’à moins de discuter avec les auteurs
de l’exposition, il est impossible de saisir toute la symbolique et
toute la philosophie des différents objets
présentés. N’empêche qu’on peut tirer les
conclusions que l’on veut ou que l’on sent. Et que la visite est en soi
un moment agréable. Un parcours original et curieux, à la
fois ludique et intéressant.
Natacha Sikias.
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