Publication
- « Pas de place »,
installation sur papier de l’atelier de recherche de l’Alba
Arrêts sur des non-lieux
Une installation sur papier. C’est l’option que
l’atelier de recherche de l’Alba, mené par trois enseignants
(Pierre Hage-Boutros, Rana Haddad et Grégory Buchakjian), a
choisie par défaut. Pas de place, une publication de quatre
pages format tabloïde, a remplacé l’exécution sur le
terrain, à savoir ce qui correspondait à l’ancien
Beyrouth.
Chez moi-chez toi
« Nous avions proposé à nos étudiants de
travailler sur le projet initié par le Collectif 12 –
conglomérat artistique installé à Mantes-la-Jolie
–, et qui se déroule dans cette ville, à Marseille et
à Beyrouth. Intitulé “Chez moi-chez toi”, il
s’intéresse aux points de rapprochement et d’éloignement
que l’étudiant découvre dans une zone
délimitée de Beyrouth », explique Grégory
Buchakjian. Cette zone a été délimitée par
une recherche effectuée auprès de 100 personnes, qui ont
donné leur propre définition de la frontière dans
le centre-ville.
À partir de cette « ligne rouge », les
étudiants ont entamé leur travail de repérage d’un
espace à s’approprier pour s’y sentir chez soi. Six mises en
forme ont alors été proposées, en septembre
dernier : un film de 3’33 intitulé Ma Fi, réalisé
par Jihane Tohmé, Sybille Nasrallah et Marie-Noëlle Haddad
; une histoire graphique, Beyrouth catharsis de Zeina Abirached ; 11
échantillons sonores réunis sous le titre Khabouth et
arrangés par Edmond Khabouth ; deux interventions sur le
thème « À la recherche de la ligne rouge »
proposées par Chady Najem : « 15 Louis XV à l’ombre
» (15 fauteuils Louis XV dans le tunnel Georges Haddad) et
« La Tour » (430 barils dotés d’une paire d’yeux
dans les fenêtres de la tour Murr).
Diffusion en ville
Si les trois premières
réflexions ont pu être réalisées, les trois
autres sont restées sur le papier, si bien que le projet
initial, Chez moi-chez toi, a été exécuté
de manière complète par les artistes du Collectif 12,
exposé jusqu’au 15 novembre au centre-ville. Mais l’atelier de
recherche ne s’est pas laissé désemparer par les «
non-réponses » de la municipalité de Beyrouth et a
exposé le résultat de ses recherches dans Pas de place,
distribué gratuitement dans certains espaces urbains : «
Les installations ne sont pas en ville, mais diffusées en ville
par ce biais », commente Grégory Buchakjian.
À part la publication du constat de l’impossibilité, pour
aucun des étudiants-enquêteurs, de s’installer dans un
lieu donné, les trois enseignants ont choisi de donner la parole
à des architectes, penseurs et autres intervenants libanais ou
étrangers, à partir de mots précis que chacun
d’entre eux a défini à sa manière.
Pas de place est donc une vitrine passionnante de la ville, en rapport
avec ses habitants d’aujourd’hui : « Les étudiants ont
repéré des lieux qui sont des riens, poursuit
Grégory Bujakjian. Autrement dit, Edmond Khabouth a
rapporté les sons urbains dans sa propre chambre, les trois
réalisatrices ont donné à leur
court-métrage le titre éloquent de Ma Fi,
c’est-à-dire “rien” en arabe, tandis que Zeina Abirached a vu la
ville à travers ses murs. »
*Khabouth est disponible sur le site www.alba.edu/ar/khabouth, et Ma Fi
sera diffusé sur Zen TV le 15 novembre à 17h30 et peut
être commandé sur le site www.alba.edu/ar/mafi. Beyrouth
catharsis est en vente au stand de la Maison du livre et peut
être lu sur le site www.alba.edu/ar/beyrouthcatharsis.
Diala GEMAYEL
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